| Résumé |
Ce livre, fortement articulé sur certaines branches majeures de l'épistémologie contemporaine (sémantique greimasienne, dialectique althussérienne, théorie de l'information), se présente tout d'abord comme une expérimentation complète, réelle, du savoir structuraliste : toute une partie de cet ouvrage (la deuxième) est consacrée à l'analyse structurale des deux cents romans constituant le corpus - à la détermination de la plate-forme narrative dont sont issus les éléments-moteurs du récit romanesque, à la description des macro-structures directrices de sa cohésion. Et cela de façon ample et détaillée : ample, parce qu'il fallait qu'une fois au moins on tente la fameuse 'coupe synchronique", détaillée, parce qu'il apparaissait que seule une investigation suffisamment fine à un niveau suffisamment profond de la textualité permettrait de bien juger du rendement et des limitations de la procédure. C'est ainsi que dans un premier temps on détermine les constituants de la communication romanesque (l'extraordinaire, les traits d'inauguration, de temporalisation, de localisation, de personnalisation, etc. - et jusqu'à des unités généralement omises, comme le titre et le nom propore) pour aboutir à la mise au jour de leur motif d'entraînement. Or, à ce point de la description structurale, ce qui pouvait être compris d'abord et formellement en termes d'épreuve (Greimas) ou de déséquilibre (les personnages sont disposés de telle façon qu'ils ne correspondent pas qualitativement à la position hiérarchique qu'ils occupent, leur avoir ne contient pas leur être), contraint, vu l'investissement sémique, à une modification fondamentale d'option : la méthode structurale ayant mené jusqu'au seuil à partir duquel il faut penser le texte en tant que génération et la textualité en tant que manifestation du code cède la place naturellement et obligatoirement à l'approche sémiotique. Or, postulat qu'il était nécessaire de démontrer, la sémiotique suppose l'élaboration d'une théorie du texte suffisamment achevée pour servir de cadre à la description du fonctionnement et de la production de narration (3e et 4e parties). C'est ainsi qu'à partir des données rassemblées dans la partie introductrice de ce travail - on y détermine la relation du texte à sa base historique, à l'idéologie et au code, on y définit les notions fondamentales de textualité, intertextualité et productivité textuelle- l'analyse de l'engendrement et de l'intérêt romanesque peut être entamée. On a présumé, et on a voulu prouver que le roman en tant que dynamisme textuel supposait à la fois offre et dérobade feinte du code, savoir et dissimulation de ce savoir, négativité de complaisance et démonstration rhétorique. Autrement dit, manifestation, mais manifestation cachée, seconde et retorse, de son fond idéologique (lu/à lu). Par suite, la fin de ce travail est double : montrer, d'une part, que le roman constitue une pratique idéologique spécifique de la société de classes, déterminer le statut et l'ampleur du service qu'il est appelé à remplir au sein de celle-ci - les pages consacrées aux rapports de l'Ecole et du roman, à ceux du roman et de La Commune sont à cet égard caractéristiques, faire reconnaître, d'autre part, sur ces données, les raisons et déraisons de sa permanence comme genre. C'est donc logiquement que ce livre aboutit, pour finir, à une réflexion sur les conditions de parution du non roman - d'une littérature de la négativité non reconstructive. |